Mis à jour le 25 septembre 2019
La direction du CNRS était heureuse d’accueillir, ce vendredi 1er février, en tête d’affiche le Premier Ministre Édouard Philippe pour l’ouverture des cérémonies des 80 ans de l’organisme. Suscitant l’intérêt de la presse pour son grand raout regroupant la plupart de ses directeur⋅rice⋅s de Recherche, le CNRS promettait des annonces importantes du Premier ministre. Mais d’annonces concrètes, Édouard Philippe en a finalement peu faites.
Une loi de programmation pluriannuelle
L’annonce la plus importante d’Édouard Philippe ce matin est la volonté de mettre en place une loi de programmation pluriannuelle de la recherche. « Parce que la science s’inscrit dans le temps long, le Gouvernement a souhaité inscrire l’effort de soutien à la recherche dans le cadre pluriannuel d’une loi de programmation » explique le Premier Ministre.
Édouard Philippe prévoit que cette loi de programmation soit préparée sous l’égide de la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, autour de trois thèmes : le renforcement des capacités de financement, l’adaptation des politiques de ressources humaines et le développement de la recherche partenariale.
Le temps perdu de la politique de la recherche française
Le Premier ministre promet donc enfin une politique de la recherche. En effet, depuis 2017, il était difficile de comprendre vers quoi allait la recherche française. Philippe Aghion, pourtant l’un des inspirateurs du programme du candidat Macron, le disait lui-même en juin dernier au micro de France Inter : « Pour l’instant je ne vois pas de politique de la recherche au gouvernement ».
Mais cette promesse arrive bien tard. Édouard Philippe annonce que cette loi de programmation pluriannuelle de la recherche ne sera votée qu’en 2020 pour une application en 2021, un an seulement avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Le gouvernement ne pourra donc s’engager réellement que pour une durée de deux ans, un grand minimum pour qualifier une programmation de « pluriannuelle ».
Choisir et renoncer
Comme le pointe mon collègue Sylvestre Huet, le Premier Ministre a rappelé aux chercheur·euse·s face à lui l’adage « choisir, c’est renoncer ». Cet adage devrait doucher les espoirs du Ministère qui espérait voir dans cette loi de programmation pluriannuelle un signe d’un avenir meilleur pour le budget de la recherche publique française.
Les trois thèmes proposés ainsi que l’absence d’annonce budgétaire concrète vont dans le sens d’un renoncement d’un vrai plan de financement public de la recherche française. Mais ce gouvernement n’a pas l’air de vouloir choisir seul et préfère déléguer les renoncements.
Car si c’est bien la Ministre qui chapeautera les discussions sur la loi de programmation pluriannuelle, le gouvernement a prévu que les trois thèmes seront pris en mains par des commissions composées de parlementaires, de chercheur⋅euse⋅s, de dirigeant⋅e⋅s d’organismes de recherche et d’acteurs industriels.
Une prolongation des Labex jusqu’en 2025
Finalement, la seule annonce sonnante et trébuchante du Premier Ministre est une mesure qui était dans les tuyaux depuis quelques temps au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : la prolongation des Labex jusqu’en 2025 et un budget de 400 millions d’euros financé par le PIA 3.
Pas de cadeau d’anniversaire pour le CNRS
Alors que le PDG du CNRS, Antoine Petit, a annoncé récemment que l’organisme allait supprimer 80 postes par an pendant 5 ans et que le Premier ministre parlait devant un parterre de chercheur⋅euse⋅s venu⋅e⋅s fêter les 80 ans du CNRS, le Premier Ministre n’a fait aucune annonce concernant directement le premier organisme de recherche de France.
Pendant le discours d’Édouard Philippe, Antoine Petit n’a d’ailleurs pu se réjouir que de la nouvelle possibilité, pour le CNRS, de récolter des dons via sa nouvelle fondation.
Même si le Premier Ministre est venu sans cadeau pour le CNRS, on peut quand même souhaiter à l’organisme octogénaire un bon anniversaire !
Photo d’illustration de une Edouard Philippe während der Münchener Sicherheitskonferenz 2018 par Mueller / MSC en licence Creative Commons CC-by
CNRS : a votre bon coeur, m’sieurs dames. Une pièce ou deux pour rester propres…
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