Bruno Canard, directeur de recherche CNRS et spécialiste des virus à ARN dont font partie les coronavirus, a publié une tribune critiquant vertement la façon dont la France et l’Europe financent la recherche. Le chercheur explique s’être intéressé aux coronavirus en 2002, juste avant l’épidémie de SRAS de 2003 dont l’agent infectieux est aussi un coronavirus. Selon lui, si les recherches financées à l’époque ont permis d’obtenir des résultats, « dès 2006, l’intérêt des politiques […] avait disparu ».
« Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheur·ses de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. » explique-t-il mais « La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate. »
Enfin Bruno Canard finit sa tribune, dépité, par une liste des dysfonctionnements qui ralentissent la recherche :
[…]
J’ai pensé à tous les projets ANR que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés.
J’ai pensé à ce projet ANR Franco-Allemande, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de la re-déposer telle quelle un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits.
[…]
Je me suis souvent demandé si j’allais changer pour un boulot inintéressant, nuisible pour la société et pour lequel on me paierait cher?
Non, en fait.
J’espère par ma voix avoir fait entendre la colère légitime très présente dans le milieu universitaire et de la recherche publique en général.
Illustration : 2019-nCoV-CDC-23312, CDC/ Alissa Eckert, MS; Dan Higgins, MAM, domaine public
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