Mis à jour le 21 décembre 2017
Dans un email adressé aux agents du CNRS, la Direction de l’Information des sciences et techniques (DIST) du centre évoque les difficiles négociations du Consortium Couperin (Consortium unifié des établissements universitaires et de recherche pour l’accès aux publications numériques) avec l’éditeur Springer.
Selon la DIST, l’éditeur demande une augmentation d’au moins 1,5 % par an sur 3 ans du prix des abonnements. La direction pousse à « accepter le risque de coupure des accès en janvier ». Ce risque, c’est concrètement qu’une très grosse partie des chercheurs français n’ait plus accès aux revues scientifiques d’1 des plus gros éditeurs.
Les chercheurs français devront utiliser d’autres solutions, pour y accéder. Par exemple, soit l’un des auteurs a publié l’article sur son site ou sur un site d’archives de type ArXiv, soit de chercher sur la plateforme sci-hub, soit de demander l’article à leurs collègues via le hashtag #icanhazpdf.
On le voit ici, ces différentes solutions d’accès parallèle permettent, entre autres, aux clients des éditeurs d’avoir une possibilité de pression un peu plus importante sur les gros éditeurs, qui étaient jusqu’alors très dominants dans ce genre de négociations.
À noter que la coupure ne concernerait normalement que l'année 2018, les contrats précédent donnant le droit de conserver l'accès aux années pendant lesquelles l'abonnement était souscrit. Dans le même genre de situation Elsevier a rouvert les accès en Allemagne. https://t.co/zsnTqypwlw
— Benoît R. Kloeckner (@BrKloeckner) December 7, 2017
Selon un rapport de la DIST du CNRS, les marges opérationnelles des cinq plus gros groupes d’édition scientifique atteignaient pourtant déjà plus de 32% de leur chiffre d’affaire sur le secteur en 2014. Et Springer, qui a récemment fusionné avec le groupe Macmillan/Nature, obtenait même cette année là un taux de marge opérationnelle sur ses activités d’édition scientifique de 39%.
Selon un point d’actualité du Réseau national des bibliothèques de Mathématiques sur le sujet, « pour les négociateurs et négociatrices de Couperin.org, toutes les propositions de Springer sont jugées inacceptables ». Le réseau rappelle aussi que cette situation ne touche pas que la France, évoquant les cas du Danemark et de l’Université de Montréal.
Il y a aussi d’autres services de partage d’article comme https://www.reddit.com/r/Scholar/, http://www.pirateuniversity.org/, ou encore la possibilité de trouver des versions PDF en libre accès à partir du DOI avec http://doai.io/ et http://oadoi.org/. Sans compter le fait qu’on puisse contacter les auteurs par email directement.
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