Chercheur à l’université d’Oslo, en Norvège, Adrien Gilbert scrute de près l’évolution des glaciers en les modélisant sur son ordinateur. Mais aussi en sortant régulièrement ses piolets.
Qu’il soit à son bureau ou sur les glaciers de Chamonix (Alpes), du Svalbard (Norvège) ou de l’Himalaya (Asie du sud), Adrien Gilbert, 31 ans, n’a de cesse de chercher à comprendre comment ces gigantesques étendues de glace réagissent aux changements climatiques.
Une passion qui remonte à ses années d’études à l’École normale supérieure de Paris, entre 2004 et 2008, et à sa rencontre avec le glaciologue grenoblois Patrick Wagnon. Ses connaissances en géophysique lui permettent alors d’étudier les mouvements internes des glaciers suivant les saisons et les changements de température. Après avoir préparé sa thèse au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble, le jeune chercheur s’envole pour le Canada et l’université Simon Fraser de Vancouver, où pendant deux ans il se consacre plus spécifiquement à la modélisation des glaciers, c’est-à-dire à leur représentation en trois dimensions sur ordinateur, afin de mieux mesurer leurs déformations et écoulements.
Aujourd’hui rattaché à l’université d’Oslo (Norvège), le jeune glaciologue passe encore beaucoup de temps devant son ordinateur. Mais dès qu’il le peut, équipé de ses piolets, il s’échappe sur les sommets, histoire de vérifier que ses modèles correspondent bien à la réalité. Après les glaciers des Alpes, de la cordillère des Andes et du Canada, c’est sur ceux de la cordillère Aru au Tibet qu’il s’est penché, à la suite de l’effondrement de deux d’entre eux en juillet et septembre 2016. Pour comprendre ce phénomène très rare, l’équipe de l’université d’Oslo au sein de laquelle il travaille est venue en aide aux chercheurs chinois de l’Institute of Tibetan Plateau Research, à l’origine de l’étude. Ensemble, ils sont parvenus à identifier la combinaison de facteurs climatiques, géologiques et morphologiques qui a conduit à cet effondrement. Une satisfaction pour ce jeune chercheur qui a su développer des connaissances très pointues dans son domaine et qui se réjouit de pouvoir les partager partout où sa passion le conduit. Même s’il doit, pour cela, enchaîner les contrats et qu’il désespère de trouver un poste de recherche stable.
Article publié dans le n°3 de l’hebdomadaire Vraiment
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